Hubbert HADDAD : Le
Peintre d’éventail
éditions Zulma, 2013, 17 €. ISBN : 978-2-84304-597-4
Entre montagnes et
Pacifique, au Nord de l’île d’Honshu, à Atôra, nichée dans un cadre naturel de
toute beauté, se tient la pension de Dame Hison. C’est dans ce havre de paix,
fréquenté par quelques habitués tous très singuliers, que Matabei a décidé de
fuir le chaos du monde et les souvenirs qui le hantent. D’un passé qu’il tente
d’enfouir au plus profond de sa mémoire, surgissent encore quelques flashes, de
brefs éblouissements… une jeune fille percutée, son « sourire
étonné » à l’instant précis du drame.
La rencontre du
jardinier et peintre d’éventail Osaki aide Matabei à se reconstruire. Le
vieillard, « qui travaille au jardin en artiste, attentif à la métaphore
des saisons », le fascine, tout comme ses éventails ornés de paysages
d’une si « subtile harmonie » dans leur imprévisible variété.
Déployés, ils laissent aussi apparaître, tracés en « caractères rapides »,
des haïkus. Ceux-ci offrent, le plus souvent, une réflexion sur le monde et la
destinée humaine :
Chant de mille automnes
le monde est une blessure
qu’un seul matin soigne
À la mort d’Osaki,
Matabei poursuit l’œuvre du jardinier et décide également de protéger sa
précieuse galerie d’éventails.
Au bout de quelques
temps, survient Hi-Han, jeune homme un peu niais mais avide de connaissances.
Initié par Osaki, Matabei décide à son tour de transmettre à l’adolescent l’art
du jardin zen. Ainsi s’écoulent des jours paisibles, jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle
pensionnaire, jeune, belle, énigmatique. Un petit séisme dans la vie du maître
et de son élève, peu de temps avant les heures tragiques du terrible tsunami
doublé d’une catastrophe nucléaire qui ravage la région. C’est peut-être à ce
moment le plus douloureux que se déroulent les pages les plus sublimes pour
exprimer l’âpre splendeur de la nature, en dépit des terribles circonstances.
L’écriture, d’une grande finesse est traversée par les gammes sonores du vent, circulant
dans tout le texte, comme pour rappeler que tout passe, que tout est éphémère.
« Le vent dans
les roseaux prit diverses intonations, lugubres, espiègles mystérieuses. »
Hubbert Haddad
signe-là un roman initiatique dense et léger à la fois, empli de poésie.
Danièle Duteil, 3 juillet 2013
Complément au Peintre d’éventail, Les haïkus
du Peintre d’éventail, chez le même éditeur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire