Bulles de musique
Daniel PY
éditions pippa, juin 2013
Dans la
dédicace à mon exemplaire de Bulles de
musique, Daniel Py m’offre d’ « étancher une petite soif de
haïkus (et autres brefs) ». Assurément, l’auteur a adopté le parti-pris de
la liberté.
Une ouverture a capella…
Nous voyons
des photos du concert
nous n’entendons
aucune note
qui tient
l’auditoire en haleine, l’oreille tendue, prêt à capter l’aérienne symphonie :
Une flûte
joue
ses bulles
°
°
°
Tombant sur le clavier
la coupe de champagne fait
,ooo
Ponctués de malice,
ces impromptus parviennent à rendre la musique visuelle alors que le silence se fait momentanément acteur
principal… jusqu’à une brusque parenthèse sonore :
En pleine nuit
l’explosion
d’une corde de harpe
Le ton est
souvent léger, voire haut perché…
Vers le haut du plafond
vers le haut de sa voix
Violette la voisine
vocalise
ou bien impertinent
et irrévérencieux à souhait :
J’atterris
rue des Lombards
un vieil air
sort d’une porte
J’atterris
rue des Lombaires
un vieillard
sort d’une porte
- sur le cul
Qu’on ne s’y
trompe pas : entre deux pieds de nez, la gravité est bien présente aussi,
teintée d’une pudique tendresse. Elle apparaît au détour d’un tanka :
Décédée d’un AVC
à trente-trois ans
cette pianiste –
fermer la radio
regarder les fleurs
Ressurgit à la
faveur de quelque haïku :
Photocopiant la partition
qu’elle souhaite que je joue
à son enterrement
Pour seule musique
des oiseaux en cage –
Kaboul, deux mille un.
L’auteur
n’engendre ni l’ennui, ni la mélancolie. S’agissant de la forme autant que du
fond, chaque page délivre son lot de surprises saisies au vol…
Le petit chat
un moment plaque au sol
un accord de septième
tirées de la
vie même, riche, multiple, colorée…
Monte et descend
le petit cochon rose
qui tourne en jouant
du piccolo
drôles et
inattendues…
Grosso modo
la fanfare joue juste
Quand un
hautboïste poète et un illustrateur passionné de musique se rencontrent, le
cocktail ne manque évidemment pas de saveur. Tandis que Daniel Py joue sa
partition, François Pouch décline la sienne, en contrepoint, et les deux voix,
animées d’un semblable élan, se superposent allègrement.
Merci à
l’auteur – et au dessinateur - pour tant de gaieté et de fantaisie. Cet
excellent moment de lecture m’a valu de nombreux et francs éclats de rire.
Danièle Duteil, 2 août 2013
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