Florence HOUSSAIS : Instants d’éternité
Éditions Stellemaris, 2014
Publié dans « La Lettre de Ploc », juin 2014
Le recueil de haïkus, Instants
d’éternité, de Florence Houssais se présente comme un joli petit pavé rectangulaire
à la couverture glacée. Ses 181 pages, comportant chacune un haïku ou une photo,
sont divisées en neuf sections qui ont pour titre « Fratrie en
friche », « Petit clan », « Nature vivante »,
« Collège and Co », « Rencontres du troisième âge »,
« Fragile ascendance », « Menu fretin », « Spiritual
haïku », « Carnets d’une haïjin ».
Le ton est d’emblée
intimiste, l’auteure évoquant la perte d’un être cher.
Ma voisine tousse
Je crois entendre ma
sœur
C’est un crève-cœur
Viennent de petits tableaux familiaux, des souvenirs, des moments de
joie, de discorde, d’étonnement, la vie tout simplement, si fragile, toujours
prête à chavirer :
Sa dent du bonheur
Ne tient qu’à un fil
Souris à l’affût
Les saisons se succèdent, de fleurs, de pluie, de feuilles qui annoncent
le retour vers l’école et la lenteur des jours.
Novembre
À peine
Et déjà si long
On voudrait retenir le temps et l’implacable échéance qui, tour à tour,
ravit ceux qu’on aime. Un jour, brutalement, on se réveille adulte.
J’ai fermé la porte
De mon enfance
radieuse –
Ne partez pas tous
Mais la vie continue, tout près, éclairant de menus détails du quotidien,
de minuscules instants de plaisir ou de frivolité qu’il ne faut surtout pas
laisser échapper…
Sa robe soleil
Achetée au marché
Pour faire la belle
Chaque matin, chaque saison, marquent une nouvelle victoire sur la
destinée. Et il faut savoir parfois saisir le parti pris de la dérision. N’est-il
pas délicieux, après tout, d’oser adresser
un formidable pied-de-nez à tous ces pièges que le hasard et l’existence peuvent tendre à tout.e un.e
chacun.e ?
Le lapin s’amuse
Du chasseur accroupi
Près de son fusil
Instants d’éternité est illustré de belles photographies de Jean-Marie Roth ; une est
d’Élise Désard.
Danièle Duteil
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