dimanche 29 mai 2016

HAIKU, HOUSSAIS FLORENCE : Instants d'éternité



Florence HOUSSAIS : Instants d’éternité

Éditions Stellemaris, 2014

 

Publié dans « La Lettre de Ploc », juin 2014


Le recueil de haïkus, Instants d’éternité, de Florence Houssais se présente comme un joli petit pavé rectangulaire à la couverture glacée. Ses 181 pages, comportant chacune un haïku ou une photo, sont divisées en neuf sections qui ont pour titre « Fratrie en friche », « Petit clan », « Nature vivante », « Collège and Co », « Rencontres du troisième âge », « Fragile ascendance », « Menu fretin », « Spiritual haïku », « Carnets d’une haïjin ».

Le ton est d’emblée intimiste, l’auteure évoquant la perte d’un être cher.

Ma voisine tousse
Je crois entendre ma sœur
C’est un crève-cœur

Viennent de petits tableaux familiaux, des souvenirs, des moments de joie, de discorde, d’étonnement, la vie tout simplement, si fragile, toujours prête à chavirer :

Sa dent du bonheur
Ne tient qu’à un fil
Souris à l’affût

Les saisons se succèdent, de fleurs, de pluie, de feuilles qui annoncent le retour vers l’école et la lenteur des jours.

Novembre
À peine
Et déjà si long

On voudrait retenir le temps et l’implacable échéance qui, tour à tour, ravit ceux qu’on aime. Un jour, brutalement, on se réveille adulte.

J’ai fermé la porte
De mon enfance radieuse –
Ne partez pas tous

Mais la vie continue, tout près, éclairant de menus détails du quotidien, de minuscules instants de plaisir ou de frivolité qu’il ne faut surtout pas laisser  échapper…

Sa robe soleil
Achetée au marché
Pour faire la belle

Chaque matin, chaque saison, marquent une nouvelle victoire sur la destinée. Et il faut savoir parfois saisir le parti pris de la dérision. N’est-il pas délicieux, après tout, d’oser  adresser un formidable pied-de-nez à tous ces pièges que le hasard  et l’existence peuvent tendre à tout.e un.e chacun.e ?

Le lapin s’amuse
Du chasseur accroupi
Près de son fusil

Instants d’éternité est illustré de belles photographies de Jean-Marie Roth ; une est d’Élise Désard.

Danièle Duteil

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