Christian COSBERG
Juste la douceur du vent : haïku
Juste la douceur du vent : haïku
Comme toujours, quand je commence à parcourir un
livre, je me plais à faire l’inventaire des titres des différentes parties. Ce
recueil en comporte cinq. Il débute comme un jeu de piste, avec Carte au trésor, se poursuit à la
manière d’un conte de fées, annonçant La
petite mouche et le printemps, devient énigmatique avec
Les grands réservoirs, prend ensuite la forme d’un roman policier, titrant Le dernier verre de saké, pour trouver un dénouement paisible introduit par Juste la douceur du vent, faisant écho à l’intitulé de l’ensemble.
Les grands réservoirs, prend ensuite la forme d’un roman policier, titrant Le dernier verre de saké, pour trouver un dénouement paisible introduit par Juste la douceur du vent, faisant écho à l’intitulé de l’ensemble.
Christian Cosberg convie d’abord ses lecteurs et
lectrices à une redécouverte du monde qui semblait sommeiller dans la nuit
hivernale.
premiers
matins / du soleil frais inlassablement / repeint la plaine
Les quatre éléments sont bien au rendez vous, le feu
de la lumière renaissante, l’eau de la neige, les torgnoles du grand vent, le mille-pattes surgi des tréfonds de
la terre. Un éveil qui s’accompagne aussi d’une fête des sens : éclat de
robes, parfums de fleurs, de fruits rouges, chaleur du brasero, musique de
l’averse sur les vitres… Chaque haïku à lui seul est une gourmandise et une
célébration de la vie qui renaît de ses cendres :
de la vieille
lampe frottée / sort / une petite mouche
La métamorphose s’opère en secret, entre les gouttes
et le silence qui s’ouvre pour un chant d’oiseau.
Au détour de quelque page, fleurit parfois un tanka :
–
le parfum d’un iris / et soudain / la tête me tourne /
elle se tient donc là / mon enfance !
L’été annonce la plénitude, mais la saison porte déjà
en elle sa fin. À nouveau, le monde est
en attente, tels ces grands réservoirs
sous la chaleur estivale :
jardin en
friche / un vieux silence / monte dans les saules
Il y a dans l’air un je ne sais quoi qui échappe,
fuite du temps, un jour jeune l’autre
vieux, passage des êtres…
cette fille /
une forêt / dans le vent
Mais, que résonne le cri des cigales et l’été prend
des allures de fête : l’odeur d’un
figuier suspend le pas, la nuit éclate en myriades d’étoiles, la vie sourd par
tous les interstices. Au chant du dehors répondent les balbutiements de
rencontres intimistes.
tous les interstices. Au chant du dehors répondent les balbutiements de
rencontres intimistes.
L’automne révèle enfin son goût aigre-doux de soirées
solitaires, aux parfums de pommes et de figues, traversés d’une pensée qu’on souhaiterait
partager :
lune rousse / je n’aurais caressé / que le chat du parking
L’ivresse estivale retombée, la tentation est forte de
la retrouver dans un verre de saké bu à toutes
petites gorgées. Après, après…
l’homme pioche dans ses souvenirs pour accompagner les longs silences de
l’existence, en écoutant le vent.
Lecteur,
lectrice, suivez le conseil de Vincent Hoarau dans sa préface, qui vous invite
à lire lentement, sans vous hâter. Ainsi,
vous laisserez éclater en bouche toutes les notes goûteuses de Juste la douceur du vent. Vous
savourerez aussi au fil des pages les photos elliptiques de Fitaki Linpé :
peut-être au creux des marges assisterez-vous à l’éclosion de votre propre
haïku.
Danièle Duteil
Préface de Vincent Hoarau, photos de Fitaki
Linpé ; Éd. Tapuscrits, mai 2016. 11,60 €.
ISBN :
979-10-94418-20-8
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